Laurence Ferrari répond aux téléspectateurs sur le port du voile
Laurence Ferrari a décidé de répondre aux nombreuses interrogations et critiques de téléspectateurs concernant son voile lors de l'interview du président iranien, ce lundii.
La journaliste du 20h déclare: "Chers amis téléspectateurs,
Certains d'entre vous ont visiblement été surpris de me voir hier soir, porter un foulard, face au président iranienMahmoud Ahmadinejad lors de l'interview exclusive que nous avons réalisé à Téhéran. Je comprends et respecte vos réactions mais je souhaite pouvoir vous répondre très clairement.
Toutes les femmes grands reporters qui se rendent régulièrement sur le terrain dans des pays musulmans, savent que l'on ne peut y travailler qu'à condition de respecter les lois en vigueur dans ces pays. Le port du foulard (et non du voile ou de la burqa) est obligatoire en Iran qui est une république islamique. La loi s'impose à nous, dès que nous arrivons sur le sol iranien. Le devoir d'information prime donc sur mes convictions personnelles.
Que je sois favorable ou non personnellement au port du foulard pour les femmes, ne peut constituer une entrave à l'exercice de mon métier de journaliste. Nous avons travaillé sur cette interview exclusive du président iranien depuis plus d'un an avec Patricia Allemonière, chef du service étranger de la rédaction de TF1. Lorsque nous avons reçu une réponse favorable de l'ambassade d'Iran, nous sommes donc partis à Téhéran pour l'enregistrer. L'importance de cette interview, en cette période d'actualité chargée au Moyen-Orient justifiait largement ce déplacement. Si j'ai respecté les lois iraniennes concernant le foulard, j'ai pu en revanche poser toutes les questions que je souhaitais, sans aucune censure, ce qui est bien sûr primordial. Bien entendu, si cette interview s'était déroulée sur le sol français, je n'aurais pas porté de foulard puisque la république française est comme vous le savez, laïque.
Je constate simplement qu'il y a un an, exactement à la même époque, nous avons tourné en plein cœur de Téhéran une page spéciale sur la situation en Iran, à une semaine de l'élection présidentielle. J'ai porté pendant toute cette page spéciale de 17 minutes, un foulard pour réaliser plateaux et interviews. A l'époque, il n'y a pas eu autant de réactions ou de commentaires. Sans doute faut-il y voir le signe que notre société est beaucoup plus sensible aujourd'hui aux questions concernant le port du voile (ce qui n'est pas la même chose que le foulard) dans notre pays. Le débat et les polémiques qui ont entourés la loi sur l'interdiction du voile intégral en France, ont donc provoqué, je le constate, une plus grande vivacité dans les opinions.
Mais une démocratie vivante est une démocratie saine ! Et je continuerai à apporter au journal de 20 h tous les points de vue et toutes les interviews nécessaires pour que chaque téléspectateur puisse se forger sa propre opinion sur l'actualité.
Sincèrement, "